Le cadre légal
Si aux Etats-Unis des procès faits à des éditeurs de site pour défaillance en termes d’accessibilité ont eu lieu (voici un exemple), en se fondant sur le American with Disabilities Act (“ADA”).
Cela n’est pas encore le cas en France, où le cadre légal repose sur la Loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. La raison est que pour le moment, la contrainte légale ne porte pas sur le niveau d’accessibilité, mais sur la nécessité d’afficher une déclaration d’accessibilité (dont voici la trame). Cette obligation concerne pour le moment uniquement les organisations suivantes :
- les services de l’État ;
- les collectivités territoriales ;
- les établissements publics ;
- les organisations légataires d’une mission de service public ;
- les entreprises dont le chiffre d’affaire en France est supérieur à 250 millions d’euros ;
- les organisations d’intérêt général.
Cela concerne donc déjà un grand nombre d’organisations et d’entreprises, et ce cadre légal est donc une réalité pour beaucoup d’acteurs ayant une présence sur le web.
Qui dit obligation légale, dit possible sanction. Aujourd’hui, la sanction est encore relativement peu dissuasive, mais néanmoins réelle : les contrevenant risquent une sanction financière de 20 000 euros par service en ligne.
3. L’intérêt de l’accessibilité web pour les marques et entreprises
Si les pénalités en cas de manquement aux exigences d’accessibilité sont donc relativement peu élevées en France, alors pourquoi les marques et entreprises ont-elles intérêt à mettre en ligne des sites accessibles ?
En fait, ces bénéfices sont multiples, importants, et parfois indirects.
- Tout d’abord, rappelons que quel que soit le site, sa valeur et son utilité sont proportionnelles à la taille de sa population de visiteurs et d’utilisateurs… Or, négliger l’accessibilité réduit significativement la taille de l’audience. Voici quelques chiffres pour s’en convaincre :
- 71 % des clients ayant des besoins d’accessibilité quitteront un site Web qu’ils trouvent difficile à utiliser
- Dans le monde, 2,2 milliards de personnes ont une vision diminuée, 700 millions de personnes sont dyslexiques et 466 millions souffrent d’une perte d’audition… Parmi ceux-là, combien sont des utilisateurs ou des clients potentiels ?…
- Ensuite, les entreprises s’engagent aujourd’hui dans des politiques RSE de plus en plus exigeantes : l’accessibilité des services et contenus en ligne répond à des enjeux de responsabilité, et aide donc les entreprises à atteindre leurs objectifs RSE
- De façon indirecte, mettre en avance que son site est accessible permet aussi de contribuer à une image de marque responsable : il y a donc également un enjeu de communication.
- Enfin, et ce sont là des bénéfices indirects, mais très positifs : l’accessibilité va souvent de pair avec
- une meilleure UX : Au-delà des personnes en situation de handicap, l’accessibilité met la barre plus haut en termes d’UX : améliorer l’accessibilité permettra donc de créer une expérience utilisateur plus agréable, et d’augmenter de façon significative ses taux de conversion online.
- un référencement naturel (SEO) plus performant : les robots d’indexation sont probablement les utilisateurs les plus exigeants en matière d’accessibilité… Eux qui ne voient pas et n’entendent pas !
4. Quelle méthodologie adopter pour intégrer l’accessibilité dans la conception d’un site ?
L’agence Dékuple a adopté une méthodologie comprenant plusieurs étapes.
1. Avant même la création ou la refonte du site
Cette première étape est stratégie et consiste à :
- déterminer le niveau d’accessibilité visé. Il dépend de l’audience d’utilisateurs ciblée, de leurs conditions de consultation, et des éventuelles obligations légales de l’entreprise (ou de sa politique RSE). Un site s’adressant à une population de seniors, un service public, ou un site fonctionnant principalement en situation de mobilité, auront par exemple des exigences plus élevées.
- définir la méthode de mesure et la fréquence d’analyse : un simple outil d’analyse suffit-il, ou bien un audit est-il nécessaire ?:
Le niveau d’accessibilité ciblé (si un niveau est requis) et la méthode d’analyse doivent être définis dès le cahier des charges du site.
2. Durant la phase de conception, et avant le développement
Durant la conception, les interfaces utilisateurs sont maquettées : couleurs, architectures, fonctionnalités, composants d’interface (UI), gabarits de contenus… Cette étape est donc critique pour le niveau d’accessibilité. Chaque étape de la conception (wireframes, maquettes, html) doit donc faire l’objet d’une vérification par un expert de l’accessibilité.
Idéalement, l’équipe en charge de la conception (chef de projet, webdesigner, intégrateur front) seront déjà sensibilisés, voire formés, et intégreront dès les premières versions les bonnes pratiques.
Durant cette phase, on cherchera à assurer la lisibilité des contenus (contraste, taille de typo…), à identifier les boutons de contrôles indispensables (par exemple, pour contrôler un carrousel), à éviter les recours aux images (et à prévoir les alternatives), etc.
Le carrousel du site de McDonald’s est un bon exemple :